Pilooski - Isola





commentaire : ce disque a un énorme défaut : il est trop court. Vraiment. Le point de départ / prétexte est fantasmatique à souhait, (honte à nous : on ne connaissait pas ni la Villa Isola, ni Wolff Schoenmaker, ni Dominique William Berretty - voir plus bas), la bande-son atmosphérique et minimaliste de Piloosky parfaite dans son genre et les featurings vraiment excitants, de Jarvis Cocker  qui lit un extrait du Livre rouge de Carl Jung à Simon Liberati livrant une de ses délectables Études de littérature romantique. On a à peine le temps de s'installer que, déjà, c'est fini. Mais peut-être cet EP est-il la première étape d'un projet plus ambitieux, avec des morceaux plus longs et plus nombreux ? On l'espère. La chose sort le 26/10 chez Dirty / Kompakt et les plus pressés, comme nous, peuvent recevoir dès aujourd'hui le vinyle bleuté joliment emballé (c'est ici). 

Voici le texte de présentation :

Au début des années 30, le magnat de la presse Dominique Willem Berretty règne encore sur les Indes Néerlandaises. En partant du bas de l’échelle, ce fils d’instituteur né en 1890 a réussi à bâtir un empire médiatique en suivant la seule devise « Activité, Activité, Vitesse » qui résonne alors comme un appel futuriste à inventer un monde nouveau où l’information est plus pressée que la lumière et où l’on célèbre la modernité en appuyant sur l’accélérateur. Mais les commandes d’une agence de presse (baptisée Aneta pour : « Altijd Nummer Een Trots Alles » - « Toujours numéro un en dépit de tout ») qu’il pilote à toute allure lui échappe soudainement : son monopole exaspère les politiques, ses rivaux veulent sa peau. C’est au moment où son royaume s’effondre qu’il mandate en octobre 1932 l’architecte Wolff Schoenmaker afin qu’il lui bâtisse le palais de ses rêves : la villa Isola, au nord de Bandung. D.W. Berretty ne profitera que quelques mois de son joyau Art déco. Le 20 décembre 1934, ruiné, il s’envole pour l’Europe à bord d’un DC-2 Uiver afin de vendre Aneta au plus offrant. Il n’arrivera jamais à destination : la première machine volante équipée d’un pilotage automatique se crashe sur la ville d’Ar-Rutba en Irak.
En remontant le fil du temps et de ses souvenirs (notamment ceux d’un voyage au Viêt-nam), Pilooski, que l’on a connu en duo avec Discodeine ou en solo avec la série des Dirty Edits, a fini par pousser les portes de la Villa Isola : le vestibule mène à deux escaliers en colimaçon qui enserrent un fronton où l’on peut lire, gravée dans le marbre, la sentence M’ISOLO E VIVO (« je m’isole et vis »). Au premier étage, une vaste salle de réception semi-circulaire s’ouvre sur des jardins à la française. Face à la baie vitrée, des fauteuils club ont été disposés avec une régularité maniaque autour d’une table ronde. Sur l’abattant d’un piano à queue, on remarque une Vierge Marie en verre dépoli, et aux murs, des huiles de canaux hollandais voisinent avec des aquarelles de la jungle environnante. Dans le bar constructiviste situé à l’étage supérieur, Berretty a fait installer un projecteur de cinéma. Cocktail à la main, regardait-il avec ses invités L’Inhumaine de l’Herbier, le Tabou de Murnau ou Les Lumières de la ville de Chaplin ? Nul ne le sait.
Pour cette salle de projection, Pilooski a imaginé quatre bandes originales qui doivent autant aux émissions de radio pour insomniaques qu’aux histoires à écouter pour enfants. Avec en tête l’album Eden’s Island d’Eden Ahbez, il a réuni autour de lui les récitants suivants:
Jarvis Cocker (Pulp) a choisi un extrait du livre rouge de Carl Gustav Jung ; Judah Warsky a écrit un hommage au soleil et à la lune ; Narumi Hérisson (Tristesse Contemporaine) lit un passage de la nouvelle Sakura No Mori No Mankaï No Shita d’Ango Sakaguchi ; l’écrivain Simon Liberati (Anthologie des apparitions, Jayne Mansfield 1967, Eva) un fragment de l’une de ses 113 études de littérature romantique. Quatre morceaux de spoken word exotiques et minimalistes sur lesquels Clément Froissart joue de la flûte, Axel Lecourt des percussions et Julien Vichnievsky de la guitare. L’ensemble compose Isola, le nouvel EP de Pilooski.

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