La bibliothèque invisible - Stéphane Mahieu



commentaire : On ne pouvait pas ne pas acheter ce livre qui vient de paraître. En bon lecteur de Borges et Nabokov, et plus près de nous Jean-Benoît Puech, Bernard Quiriny, Vincent Puente ou la paire Floc'h / Rivière (pour n'en citer que quelques-uns), on est en territoire familier. Pour expliquer le principe sans dire de bêtise, on va citer la quatrième de couverture : "La Bibliothèque invisible traite des livres qui n'existent pas, mais dont on trouve le titre, le nom d'auteur et la description dans des romans, des pièces de théâtre, des pamphlets, voire des bandes dessinées. On ne peut les emprunter en bibliothèque ou les acheter en librairie ; ils ne s'ouvrent qu'à l'intérieur d'autres livres." 
Sur plus de 150 pages (des grandes pages, le livre étant en 27 x 17,6 cmm), selon un classement alphabétique par titres, l'auteur décrit avec science et gourmandise des centaines d'exemples, plus ou moins connus, plus ou moins intéressants, ouvrant des pistes de lectures des plus réjouissantes.  Une critique  ? Ce format, justement, bizarroïde, et aussi ce parti-pris d'un livre relié toile avec jaquette, un peu raide, qui a dû jouer dans un prix un poil élevé (26 €). À part ça, on l'aura compris, l'ouvrage est indispensable.

On imagine que l'auteur, maintenant, va affronter un destin comparable à celui d'Enrique Vila-Matas après la parution de son Bartleby et compagnie : il va recevoir, pendant des années, des centaines de lettres et mails de lecteurs lui soumettant des livres imaginaires manquant à sa bibliothèque invisible. Il s'en trouvera un, on l'espère, pour lui signaler qu'il a ainsi oublié un auteur qui nous est cher et qui, dans pratiquement chacun de ses romans, glisse quelques ouvrages et auteurs imaginaires. On veut parler de René Belletto. Des exemples ? Le Saint-Romain de Joseph Priscus dans Film Noir (qui joue un rôle important). Dans L'Enfer, un personnage lit Que notre règne arrive, un roman qui se passe à Lyon, et qui fait évidemment écho à Sur la terre comme au ciel de René Belletto. Le même personnage lit ensuite du même auteur (Robert Ballestron... RB) Le Fantôme (pour Le Revenant) et évoque le prochain roman de l'auteur, Le Royaume des ombres - c'est-à-dire L'Enfer... Dans Sur la terre comme au ciel, justement, il est question des livres d'un certain Robin Ballester (RB, toujours...), dans un rayon de livre soldées : D'ailleurs je me bornai à farfouiller vaguement, et à remarquer au passage trois romans de Robin Ballester vendus ensemble pour le prix d'un, moins encore trente pour cent, trois livres délavés, pisseux, lugubres, dont Ballester resterait sans doute à jamais l'unique lecteur, La Mercedes de Sidi-Bel-Abbès, Pour qui sonne le glaviot et La Chère appâtée, ouvrages dont les titres seuls indiquaient la pertinence de la pensée et le goût raffiné de la forme. Une Maxime du même Robin Ballester ouvre le livre Hors la loi.
On pourrait continuer ainsi longtemps...

Commentaires

  1. Très intéressant !

    Un tumblr qui recense des apparitions de livres dans des films, des séries... : http://booksareeverywhere.tumblr.com/post/71790383426/the-book-animals-of-the-seashore-by-horace-g

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire