Bernard Quiriny - Monsieur Spleen (notes sur Henri de Régnier)



commentaire : dès le début, Bernard Quiriny se demande assez lucidement pourquoi / comment on en vient à s'intéresser à un auteur comme Henri de Régnier (cruellement traité de "second couteau" sur la quatrième), à acheter tous ses ouvrages, à les lire, et même à lui consacrer un livre. On s'est senti moins seul en lisant ces quelques pages décrivant l'un des douces névroses dont on se sait atteint.
Inutile de dire qu'on a dévoré avec délectation - si tant est qu'on puisse dévorer avec délectation - ce livre rythmé par le name-dropping de noms qui ont fait la littérature du tournant XIXe/XXe et ont aujourd'hui pour la plupart disparu. Il ne s'agit pas d'une biographie à proprement parler, mais comme l'indique le sous-titre de notes sur Henri de Régnier, soit une trentaine de chapitres plus ou moins fournis qui composent par touches un portrait étonnant de cet auteur. On se faisait de lui une idée pas forcément très flatteuse : un type froid, un dandy à monocle un rien caricatural, assez ennuyeux et sûr de son importance. Au lieu de quoi, on a découvert un grand dépressif (tendance spleen), pétri de complexes et de contradictions, très porté sur une gaudriole verbale jurant avec ses vers polis et policés, et plus que malheureux en amour - son mariage avec l'insatiable Marie de Hérédia est à cet égard assez terrifiant. 
Quiriny donnera-t-il à quelques-uns l'envie de lire ou relire Henri de Régnier ? On est assez pessimiste là-dessus. Mais ça n'était pas forcément son but. Plutôt de restituer une certaine idée de la littérature, de  dire l'amour des livres et du texte, et puis, dans les marges et entre les lignes, de donner quelques coups de griffes à notre époque.

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