Villes bigrement exotiques - Crad Kilodney



Difficile de passer à côté d'un titre pareil, avec cet adverbe des plus réjouissants. Réjouissant, le livre l'est aussi, d'ailleurs, manière d'anti-guide de voyage proposant une vingtaine de destinations improbables, d'Oïmiakon au Cambodge à Vinh au Cambodge, en passant par Ataq en Corée du Nord ou Goma en Afghanistan. L'auteur, Crad Kilodney, est un Américain installé à Toronto, un drôle de zozo qui se partage entre les voyages et une activité politique (il s'est présenté à deux reprises aux élections présidentielles américaines) assez iconoclaste et, en vérité, très politiquement incorrecte. 
Voyageur déconnant, Kilodney a le chic pour brosser en quelques traits, parfois cruels, souvent hilarants, le portrait de la ville dans laquelle il débarque. Il en fait des tonnes, effectue des raccourcis outranciers, va fourrer son nez partout et mange n'importe quoi, surtout les spécialités locales les plus dégoûtantes. Il est très porté sur les jeunes femmes et il a une drôle d'obsession, une espèce de mission qu'il s'est donnée : jumeler les villes où il se rend avec des cités américaines. Le pire, c'est qu'il y arrive à chaque fois.

Le texte est traduit par Philippe Billé, singulier misanthropologue dont on comprend qu'il se soit senti des affinités avec Card Kilodney. Et si on reprochera à l'éditeur de ne pas avoir relu plus soigneusement le texte, histoire de le débarrasser des quelques petites lourdeurs, maladresses et anglicismes qui se sont glissées ici ou là, on ne saurait trop conseiller ce drôle de bouquin, qui tient à la fois de Jean Rolin, Gérard de Villiers et Redmond O'Hanlon. 

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